Piste : fediverse

Concernant le Fédiverse

Voici quelques conseils pour les personnes qui découvrent (ou non) le fédiverse.

Cette page n'a pas pour but de faire une présentation complète et précise du fédiverse, mais plutôt d'en brosser un portrait général et donner quelques conseils que je trouve pertinents quant au choix de son instance ou aux comportements à adopter ou non.

Vocabulaire

J'explique ici quelques termes plus ou moins spécifiques au fédiverse.

  • Fédiverse : C'est la contraction des mots Federated et Universe, en gros « L'Univers Fédéré ». C'est le terme utilisé pour décrire le réseau social fédéré qui s'appuie sur le protocole ActivityPub mais pas que (aussi OStatus, XMPP, Disapora, etc). Attention, il ne faut pas le confondre à tort comme le font beaucoup de personnes avec “Mastodon” qui est juste un logiciel.
  • ActivityPub : C'est le nom du protocole informatique le plus utilisé sur le fédiverse, la “langue commune” que parlent les logiciels pour fonctionner ensemble.
  • Instance : Surement le mot que vous croiserez le plus à votre arrivée, car vous devez choisir votre instance. Les instances sont les serveurs qui composent le fédiverse, tout comme les serveurs de LaPoste, Gmail ou Lithio sont des instances pour le mail. Une instance est donc un serveur qui fait tourner un logiciel du fédiverse. On désigne souvent une instance par son nom de domaine, par exemple la mienne est social.lithio.fr.
  • Toot : Un Toot ou Pouet est un des noms historiques données aux messages sur le fédiverse. On dit parfois aussi “retoot” ou “repouet” ou même “boost” pour dire que l'on repartage un message.

Petite explication technique rapide

Voici une rapide explication du fonctionnement du Fédiverse. Le but n'est pas de vous noyer sous la technique mais de vous donner un aperçu simple pour que vous ayez les bases nécessaire à la compréhension technique et donc politique du fédiverse.

Les instances sont donc des serveurs. C'est à dire un ordinateur mis en place par quelqu'un qui en prend soin et a installé dessus un logiciel du fédiverse. Cette personne peut utiliser ce serveur pour elle seule ou permettre à d'autres personnes de l'utiliser (souvent sous conditions du respect de certaines règles). Par exemple, j'ai mis en place un ordinateur dans mon salon sur lequel j'ai installé le logiciel Pleroma pour avoir un compte sur le fédiverse.

Quand on administre un tel serveur, il existe 2 grandes méthodes de fédération :

  • La méthode Denylist : C'est la plus commune. Par défaut notre instance va se fédérer avec “tout le monde” (en réalité avec toutes les autres instances avec qui vous intéragissez) et vous pouvez choisir de bloquer individuellement des instances (car vous n'êtes pas d'accord avec ce qu'ils publient, leur choix de fonctionnement, etc).
  • La méthode Allowlist : Beaucoup plus rare mais qui gagnerai à être plus utilisée. C'est l'inverse de la précédente donc on ne fédére avec personne en dehors des instances avec qui on a choisie de fédérer individuellement. Ce sont souvent des groupes d'instances qui font ça ensemble pour créer un îlot ou des archipels avec des instances sœurs.

Comme toujours, faire fonctionner un tel serveur nécessite du temps et des ressources (plus ou moins grande en fonction du nombre de personnes, du logiciel, etc).

Le Fédiverse n'est pas Mastodon

N'oubliez pas aussi que le Fédiverse n'est pas Mastodon : Il y a plein de logiciels sur le fédiverse et le nommer correctement est important. Les personnes qui nomme le réseau “Mastodon” participent (volontairement ou non) à faire grandir la réputation du logiciel Mastodon qui est majoritairement conçu par et pour des riches et à invisibiliser les personnes qui utilisent d'autres logiciels et donc les populations qui sont souvent les plus pauvres et marginalisées.

Dire « Je t'envois un message sur Mastodon » revient à dire « Je t'envois un message iPhone » : personne ne fait ça en dehors des personnes qui veulent étaler leur richesse de posséder un téléphone hors de prix. La personne en face de vous n'est peut-être tout autant pas sur Mastodon qu'elle n'a un iPhone. Dîtes simplement « Je t'envois un message sur le Fédiverse » comme vous diriez « Je t'envois un SMS ».

Choisir son instance

C'est souvent la première et la plus compliqué des étapes. En effet, c'est comme choisir où mettre son adresse mail : il faut faire un choix et donc réfléchir, peser le pour et le contre, évaluer les options, etc sans qu'une autorité ne décide pour nous. C'est ce qui fait que beaucoup de personnes trouvent difficile d'aller sur le fédiverse (ou d'aller sur Linux, ou de choisir quelle sauce mettre dans son kebab), avoir le choix dans un monde où on ne l'a que rarement, surtout technologiquement parlant, ça fait peur.

Du coup ici je vais lister des conseils pour choisir son instance.

Utilisez votre contexte de découverte

Comment avez-vous découvert le fédiverse et eu envie d'y avoir un compte ? Est-ce que ce sont vos ami·es qui sont déjà dessus qui vous l'ont montré ? Une collègue de boulot ? Si c'est le cas vous pouvez leur demander conseil ! Demandez-leurs quelles instances sympa ils connaissent, pourquoi, s'il y a de nouvelles instances récente qui semblent peu peuplés, etc.

Attention cependant à ne pas faire une erreur classique en allant systèmatiquement sur l'instance où sont vos ami·es ! La force du Fédiverse réside dans sa décentralisation du pouvoir et sa pluralité. Il faut donc éviter de concentrer trop de personnes sur les mêmes instances.

Évitez les trop grosses instances

Certaines instances sont bien trop grosses et concentre donc trop de pouvoir. Le Fédiverse est fait pour être décentralisé, pas pour avoir des serveurs immenses avec des milliers de personnes dessus. mastodon.social est un exemple de ce genre de problème et est donc une instance à éviter à tous prix.

Évitez particulièrement les grosses instances si vous faites partie d'une minorité, cela vous rendra plus vulnérable en tant qu'individu et communauté. Par exemple, si vous êtes une personne queer ou trans, évitez à tous prix des instances comme eldritch.cafe où il y a déjà environ 13 000 comptes dont plus d'un millier actifs : environ 33 % des personnes trans que je suis sur le fédiverse sont sur eldritch.cafe (les 66 % restant sont répartis sur 30 instances avec souvent une seule des personne que je suis dessus) et il suffit donc de faire tomber cette instance pour toutes les faire taire.

En informatique on nomme cela un SPOF pour Single Point Of Failure (Point de Défaillance Unique) : un point de l'infrastructure qui devient si centrale que le perturber ou le faire tomber suffit à mettre à mal une majorité du système.

Je considère qu'une instance est vraiment trop grande au-delà de 1000 comptes (ou environ 500 utilisateur·ices actifs si c'est plus représentatif pour vous).

Lisez bien les règles

N'oubliez pas que quand vous êtes sur une instance, c'est comme si vous êtiez chez une personne qui vous autorise à rester sur ses terres, c'est assez proche d'un modèle féodal. L'administrateur·ice est tout·e puissant·e et peut décider de beaucoup de choses.

De nombreuses personnes se sont parfois retrouvées à devoir changer d'instance car leur administrateur·ice à un jour décidé de bloquer une instance sur laquelle se trouvait leurs ami·es. C'est aussi pour ça que ne pas tous êtres sur la même instance est mieux et qu'une instance à taille humaine est préférable : il est plus facile de participer à son maintient, sa modération et ses règles communes.

Savoir si vous êtes d'accord avec les décision de votre administrateur·ice et surtout si vous avez un poids dans la gestion de votre instance est aussi une question importante. Mais si vous cherchez juste un lieu où une autorité décidera à votre place de ce qui est bon pour vous ou non, cette question n'est pas nécessaire.

Les règles de votre instance doivent coller à vos envies et besoins.

Les bonnes pratiques

Voici quelques bonnes pratiques quand on poste sur le fédiverse selon moi. Certains de ces conseils sont valables peu importe le réseau social.

Éviter les pavés réguliers

Le Fédiverse est principalement (mais pas que) utilisé pour faire du micro-blogging. Écrire parfois une très longue réponse ou un très long toot ça arrive (faites des paragraphes espacés dans ce cas pour aéré le tout). Mais si on le fait très régulièrement c'est surement que le medium du micro-blogging n'est pas adapté.

En effet, le micro-blogging est là pour faire des discussions courtes, des réponses rapides, trouver des choses ensemble, etc mais est très peu adapté à la dissertation du bac de philo. La plupart des interfaces de micro-blogging sont des colonnes étroites et un long texte y est difficile à lire et perd souvent sa mise en page.

Si on veut écrire de plus grands texte il veut mieux l'écrire sur un site web ou notre blog perso et poster le lien sur le Fédiverse avec un petit résumé.

Penser aux descriptions de medias

Les descriptions de médias ce sont les champs de textes qui permettent de décrire une image, vidéo ou son que vous avez posté. C'est souvent nommé “Alt text” en anglais.

Ça permet de décrire un média pour les personnes qui ne peuvent pas ou mal en profiter de manière classique (les personnes malvoyantes, malentendantes, etc).

Beaucoup de communautés du Fédiverse sont attachés, et c'est bien normal, à rendre ce lieu accessible à tout le monde. L'ajout de descriptions de média est donc souvent bien intégré et encouragé, et ce jusque dans les retoot : certains logiciels du Fédiverse vont par exemple afficher un avertissement demandant confirmation si vous tentez de re-partager un post dont le média n'a pas de description et beaucoup de personnes ne vont juste pas repartager votre message si ce dernier contient un media sans description.

Penser aux avertissements de contenu

Les avertissements de contenu (souvent abrégés en CW ou TW pour Content Warning et Trigger Warning) sont des avertissements que vous pouvez placer avant un message pour indiquer de quoi va parler ledit message. Il faut en général appuyer sur un bouton pour afficher le contenu du message qui est mis sous avertissement.

Ça permet surtout d'avertir que l'on va parler de sujets traumatisants, durs ou graves.

Construisez vos avertissements de manière claire et simple. Par exemple si vous allez parler de la mort d'un animal, indiquez “mort d'animal”. Certaines personnes utilisent des codes secrets pour leurs avertissements, par exemple pour certain·es % signifie “tristesse/négativité” : ne faites pas ça ! La plupart des personnes ne vont pas apprendre des codes spécifiques comme ceux-là, soyez clairs et précis, évitez aussi les abréviations. Un avertissement est là pour empêcher une personne d'ouvrir un message dont la lecture lui ferait du mal ou déclencherai un traumatisme : utiliser des symboles pas clairs ou des abréviations qui peuvent ne pas êtes connus fait juste passer le message que vous vous fichez de traumatiser les personnes qui vont se sentir obligées d'ouvrir votre message pour vérifier le contenu.

Ne censurez pas vos mots

Un peu dans la lignée du conseil précédent. Certaines personnes ont tendance à “censurer” ou “masquer” des parties de certains mots en ligne. Cette pratique semble pour certain·es venir d'autres réseaux sociaux capitalistes et puritains qui censurent/masquent les messages des personnes utilisant ces “mots interdits”.

Le fédiverse n'est pas ce genre de réseau. Vous n'avez pas à trafiquer vos mots pour leur faire passer une quelconque barrière de bannissement. Inutile donc d'écrire V*ol, s*xe, P🎲 ou pron : écrivez simplement Viol, sexe, PD ou porn.

Au contraire même, censurer ces mots empêche les personnes qui ne veulent pas les voir de les filtrer correctement et les forcent donc à y être exposés. Par respect pour ces personnes, ne censurez pas vos mots, dites réellement ce que vous voulez dire.

Configurez bien la langue de votre message

Par défaut beaucoup de personnes laisse la langue par défaut pour leurs messages (souvent l'anglais) : pensez à bien indiquer la langue de votre message pour ne pas être filtré.